Le MS Lofoten, navire vétéran de la mer du Nord

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Bateau emblématique de la ligne Express Côtier, inauguré à Oslo en 1964, le Lofoten navigue infatigablement sur la mer de Norvège depuis 54 ans. Il relie les ports de Bergen à Kirkenes, à la frontière russe, en longeant une centaine de fjords dont la moitié au dessus du cercle polaire arctique. Vieux bateau vaillant et têtu, il attire les amoureux de croisière vintage dans une atmosphère intime avec seulement 151 lits et un maximum de 400 passagers.

Lofoten, un nom hérité des îles situées à trois cents kilomètres au-dessus du cercle polaire, au beau milieu de la côte norvégienne qui vient tutoyer le cap Nord pour s’achever aux confins du pays lapon, dans la glaciale mer de Barents. Une promesse de merveilleux paysages, d’aurores boréales et de soleil de minuit sur des immensités sauvages et froides, ponctuées d’escales dans de charmants petits ports nichés dans les fjords.

Un bateau de légende

De tout temps, les navires ont un rôle économique majeur en Norvège, transportant passagers et marchandises le long de sa côte dentelée. « La compagnie Hurtigruten, qui va fêter ses 125 ans cette année, a créé la ligne de l’Express Côtier en 1893 pour livrer le courrier, avant même l’existence de la Norvège en 1905 », souligne Christine Bois-Beauval, directrice générale d’Hurtigruten France. Avec ses 87,4 mètres de long et 13,2 mètres de large, le MS Lofoten est le plus petit navire de la flotte. Il est également le plus ancien et malgré son âge avancé, le cargo mixte réalise les mêmes escales, avec matériel et passagers, et propose les mêmes excursions et activités que les autres bateaux : observer les baleines, pêche, balade en raquette, sorties en motoneiges, visite de villes… Il navigue à 14 noeuds au plus près du littoral et réalise 34 escales en 7 jours, soit 3 à 4 escales par jour, d’1 à 4 heures chacune. « Nous sommes les seuls à suivre cet itinéraire, qui prime pour nos passagers. Ils veulent être libre de débarquer quand ça leur chante durant les multiples escales de la journée », ajoute-t-elle.

Une traversée dans le temps

Le Lofoten, classé monument national en 2001, constitue un vestige de l’histoire maritime de la Norvège. Entièrement rénové en 2003, tout en conservant son style traditionnel scandinave et l’esprit du départ, par son caractère unique il est le témoin d’une époque révolue. Une croisière à son bord est un véritable bond dans le passé. « Tout se passe comme dans les années 70 : on mange même dans la vaisselle d’origine au nom du bateau. Les mêmes menus d’époque de spécialités norvégiennes, préparés à 80 % avec des ingrédients locaux chargés pendant les escales », explique C. Bois-Beauval.

C’est le rendez-vous des amoureux qui s’émerveillent des détails : le moteur de 1960, la grue pour charger les marchandises, les ponts en teck exotique, les banquettes et planchers en bois, les lampes d’époque, le mobilier vintage, les peaux d’ours aux murs… Si quelques cabines disposent de lits jumeaux avec salles de bain privées, d’autres sont plus basiques. « Je préviens les passagers : certaines cabines n’ont ni douche ni WC individuels. De plus, le bateau n’a pas de stabilisateurs. Ils me répondent : c’est justement ce que nous recherchons », s’étonne encore C. Bois-Beauval.

Un environnement confidentiel

Une croisière de passionnés de bateaux sensibles au charme d’une navigation à l’ancienne et, à la recherche d’authenticité et de rencontres humaines. Des Allemands, Norvégiens, Anglais et Français, pour la plupart, qui se mêlent aux locaux sur les ponts pour discuter le temps d’une escale. « A bord, l’ambiance est intimiste, décontractée et conviviale. Le commandant dine avec les passagers, il y a une interaction avec l’équipage norvégien. D’autant plus que cette croisière attire des capitaines, des marins, des amateurs de bateaux qui adorent parler navigation. Beaucoup reviennent plusieurs fois », s’amuse Christine Bois-Beauval. En 2015, lors de l’anniversaire de ses 50 ans d’existence, le navire avait navigué 300 000 heures ; parcouru 4 millions de miles nautiques ; traversé 3 000 fois le cercle polaire ; transporté 1,5 millions de passagers et fait escales 75 000 fois le long des côtes norvégiennes, du sud au nord et du nord au sud. Spécificité du voyage : c’est le seul bateau sur lequel on peut pêcher à la traîne. Le soir, les poissons sont cuisinés pour le dîner, devant un coucher de soleil qui ne se finit jamais. Un vrai poème.