La croisière fluviale est de retour sur le Nil

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Boudée par les croisiéristes depuis le printemps arabe en 2011, la vallée du Nil comme de nombreux sites en Egypte, a été vidée de ses touristes. Pourtant, depuis trois ans maintenant, les croisières en Haute-Egypte ont à nouveau reçu le feu vert du ministère des Affaires étrangères et l’offre s’est élargie.

La population égyptienne, très accueillante, est en effet impatiente de voir revenir les touristes dans leur beau pays. Organisée par des voyagistes sérieux et avisés, avec le concours des autorités égyptiennes en matière de sécurité, la navigation sur le Nil entre Louxor et Assouan et même jusqu’au Caire, ainsi que la visite des sites antiques, au printemps, se révèlent une occasion rare de s’imprégner d’une époque pharaonique – ô combien mystérieuse et fascinante ! – loin de la foule.

En croisière intime à la carte sur un bateau traditionnel à voile, felouque, sandal ou dahabieh ; Belle Epoque sur le dernier bateau à vapeur dans le sillage d’Agatha Christie ; ou encore contemporaine sur un navire récent, climatisé et équipé de salle de sport et piscine. Le croisiériste a le choix. Classique, d’une durée de 4 à 6 jours en moyenne, au départ de Louxor ou d’Assouan, selon les dates choisies. Et, depuis deux ans, la grande croisière du sud au nord, jusqu’au Caire et les pyramides de Gizeh en Basse-Egypte. Des visites sécurisées sur les grands sites culturels mais aussi des excursions conviviales en petit bateau pour se rendre dans les villages et pratiquer des activités.

Croisière royale

A la manière des pharaons remontant le Nil sur leur barge royale, il y a plus de 2 000 ans, les passagers embarquent pour un voyage hors du temps. Sur le bateau, l’accueil est festif et sincère. Depuis les cabines, se profilent à l’horizon les berges changeantes du plus long fleuve d’Afrique séparant la ville des merveilles en deux. Sur le pont, les couchers de soleil et les levers aux aurores promettent des paysages magnifiques.

Louxor, ancienne capitale de l’Egypte antique sous le nom de Thèbes, formidable musée à ciel ouvert qui concentre le plus grand nombre de sites anciens de l’Egypte, mérite deux jours de visite.

Sur sa rive est, symbole de vie, au soleil levant, les temples de Karnak et de Louxor révèlent toute leur majesté dans la lumière orangé. Autrefois reliés l’un à l’autre par une grande allée de sphinx sur trois kilomètres, actuellement en cours de restauration, l’ensemble antique le plus vaste d’Egypte est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Au marché, la visite est poignante. Les seuls touristes osant s’aventurer en Egypte sont très sollicités.

Rive ouest, symbole de mort au soleil couchant mais aussi d’éternel renouvellement, se niche la nécropole de Thèbes, au creux des collines et des vallées, où le croisiériste se rend en cars le long de parcours sécurisés. Au seuil de la Vallée des Rois, les ruines d’un temple éprouvé par les crues du Nil, un tremblement de terre et les pillages, devant lequel se dresse les impressionnantes colonnes de Memnon hautes de 18 mètres. Puis la nécropole royale et sa haute pyramide de 470 mètres.

Les photos avec flashs y sont interdites pour ne pas détériorer les couleurs extraordinaires des 64 tombeaux des pharaons. A proximité, la Vallée des Reines. Les 80 tombeaux d’épouses et enfants royaux de l’époque Ptolémaïque, dont celui des jeunes fils de Ramsès III, ont bien souffert des dégradations d’un public peu respectueux. Dans les falaises abruptes, le temple d’Hatshepsout « merveille des merveilles ». A l’approche de la Vallée des Nobles, le paysage est devenu aride. Certains tombeaux servent de caves ou d’étables. Enfin, Madinet Abou, le tombeau de Ramsès III aux nombreux hiéroglyphes très bien conservés. L’expédition est digne d’un archéologue !

Le ballet du Nil

Retour au navire, roué de fatigue mais le cœur encore palpitant d’avoir touché du doigt tant de merveilles pharaoniques. S’ensuit une longue navigation de huit heures jusqu’à Edfou, protégé des heures les plus chaudes dans la cabine climatisée mais les yeux grands ouverts sur les rives luxuriantes, pour ne pas manquer le spectacle familier d’enfants et buffles qui se baignent, d’ânes recherchant un peu de fraîcheur sous les palmiers géants, de barques de pêcheurs avec en arrière-plan le minaret du village et au-delà les montagnes arides. Au matin, visite du temple Khnoum à Esna ou d’Horus à Edfou, un des mieux conservés d’Egypte. Et en fin de journée, celle du temple de Kom Ombo consacré à Horus l’Ancien et au dieu crocodile Sobek. Le lendemain, dernière étape du voyage à Assouan où la vallée du Nil prend fin le long de champs cultivés et de berges sableuses bordant les boucles du fleuve. Petite excursion sur l’île Eléphantine, un ancien centre d’échanges commerciaux en Nubie, et au temple de Philae sauvé des eaux par l’UNESCO lors de la construction du grand barrage.

Depuis Assouan, ville frontière du commerce d’épices, il est possible de naviguer sur le lac Nasser et de se rendre en convoi à Abou Simbel pour la visite des temples de Ramsès II et Néfertari. Au nord de Louxor, entre palmeraies et champs de canne à sucre, les temples de Dandara et d’Abydos.

Juliette, sa croisière sur le Nil en toute sérénité

« Un voyage singulier et bouleversant. L’un des plus beaux de ma vie. »

« Mon mari est passionné par l’Egypte, les pyramides, les pharaons… moi je n’avais pas d’à priori et j’ai été séduite par le bateau à vapeur, magnifique, à l’histoire incroyable, et un pays à découvrir. » Le printemps arabe, elle y a pensé mais c’est surtout le crash récent de l’avion d’EgyptAir qui réveille ses appréhensions mi-mai 2016. « Mais le voyagiste a su nous rassurer car la vallée du Nil est stable et les égyptiens ont envie de voir revenir les touristes. On est parti serein. »

Arrivée à Louxor, les craintes s’envolent. « Vu de l’étranger, la situation paraît dangereuse… on fantasme, à cause des images un peu accentuées des médias. Oui, il y a des régions où il ne faut aller mais ce n’est pas le cas de la vallée du Nil. Notre voyagiste était en contact régulier avec le ministère pour s’assurer que tout était ok. »

Sur le bateau et les sites visités, la sécurité est présente mais sait rester discrète. « Rien d’oppressant et ce qui était fabuleux, c’est que nous étions presque seuls à visiter : une vingtaine au lieu des centaines voire des milliers auparavant. C’était à la fois un peu triste car le pays souffre beaucoup, mais en même temps une opportunité incroyable pour faire des photos et découvrir ces endroits dans les meilleures conditions. »

Ce qu’elle a le plus apprécié dans cette croisière fluviale a été la vie à bord. « Une magnifique flânerie, rêverie, devant les bords du Nil qui défilent. Dépaysant ! Le temple de Philae sur une île accessible uniquement par bateau… Une croisière intéressante, enrichissante au lever du soleil… et le soir, la vie des égyptiens sur les bords du fleuve… »

Ses conseils de croisiériste : « un pantalon en lin pour visiter les temples. A cause de la chaleur – nous avons eu une vague de canicule exceptionnelle avec 47°C à l’ombre – et parce que c’est un pays musulman, les femmes doivent avoir les épaules et les jambes couvertes pour visiter les lieux sacrés ».

Son récit sur : www.jenesaispaschoisir.com

SÉCURITÉ

A savoir ! Il faut un visa de tourisme pour voyager en Egypte. Le voyagiste en fera son affaire.

Recommandé ! Les passagers sont invités à s’assurer auprès des agences et compagnies des mesures prises pour sécuriser la croisière.